L'agriculture algérienne en quelques chiffres
Les chiffres clés de l'agriculture algérienne
Forte de son immense territoire – 2 381 741 km² - soit plus de 4 fois la France - l’agriculture algérienne représente 12,3 % de son PIB sur une surface agricole utile de 8,5 Mha.
Les principaux facteurs limitants sont le climat, ainsi que la rareté des terres fertiles et de l’eau.
Ce secteur agricole et agroalimentaire est prioritaire pour les autorités algériennes afin de réduire la dépendance et la facture alimentaires : depuis 2000, le développement de l’agriculture saharienne, est permis grâce à la création de grands périmètres irrigués.
Au Nord, les céréales occupent 37% de la SAU et 3/4 des cultures herbacées : le blé dur (42%), l’orge (38%) et le blé tendre (18%), mais avec une faible productivité (15 q/ha). La production de pomme de terre est quasi-indépendante d’importation.
Au Sud, sur les hauts plateaux et les oasis (32,7 Mha), l’élevage ovin nomade et pastoral domine.
Selon les informations disponibles, l’Algérie compte environ 1 million d’exploitations agricoles, dont :
- 50 % ont moins de 20 ha, avec une taille moyenne de 8 ha.
- Environ 800 000 sont de statut privé et occupent 69% de la SAU,
- 100 000 exploitent par concession le domaine privé de l’État (30 % de la SAU),
- le reste étant formé par les fermes pilotes d’État ou exploitées par les instituts et organismes de recherche ou développement.
L'agriculture à l'alimentation
La balance agroalimentaire algérienne est de 0,5 Md $ à l’export, 9,4 Md $ à l’importation soit un déficit de -8,9 Md $. L’Algérie exporte vers la France 54,1 M€ (2021) quand la France exporte vers l’Algérie 892 M€ (2021). La France est le 3e fournisseur agricole et agroalimentaire (blé tendre et bovins).
L'industrie agroalimentaire en Algérie est en plein essor grâce à un secteur privé composé à la fois de PME et de grands groupes industriels. Cette croissance repose sur l'utilisation de matières premières importées, avec la présence notable de grandes entreprises telles que Nestlé, Danone, Castel, Bel, Lactalis et Avril.
Le cheptel comprend 26,4 millions d’ovins, de 4,8 millions de caprins, de 1,9 million de bovins et de 385 000 camelins.
La pêche et l'aquaculture
Industries agroalimentaires
L’industrie agroalimentaire emploie près de 700 000 personnes, soit 10% de la population active, et contribue à plus de 50% du PIB hors hydrocarbures.
Il s’agit de la 2e industrie du pays, après celle de l’énergie, qui représente 40% du chiffre d’affaires total des industries algériennes hors hydrocarbures. Les principales industries céréalières, laitières et sucrières fonctionnent avec une matière première majoritairement importée. On dénombre plusieurs milliers d’entreprises alimentaires de toutes tailles, mais l’essentiel de la production est assuré par quelques grandes entreprises et quelques dizaines d’entreprises de taille moyenne.
La transformation des céréales, avec les moulins publics (Agrodiv, et sa filiale Eriad), les moulins privés et quelques gros producteurs (SIM, Benamor, Amour, Metidji, Harbour, Sopi, Moula, La Belle, Sosemie…).
Le secteur laitier inclut GIPLAIT et plus de 100 entreprises privées de taille variable, les yaourts, (Soummam - 40 % du marché et Danone -25% du marché) et les fromages fondus, avec Bel qui domine devant Algérie crème, Fitalait, Priplait, etc.
Stratégie agricole algérienne
Afin d’améliorer la sécurité alimentaire et alléger la facture d’importation, le développement agricole cible les filières stratégiques comme les céréales, les oléagineux, le maïs, l’élevage, et la production laitière).
Le développement de l’agriculture saharienne pourrait assurer 30 à 50 % des besoins nationaux, avec la création de grands périmètres irrigués bénéficiant des importantes réserves d’eaux phréatiques. Les hydrogéologues algériens estiment un prélèvement possible dans certaines conditions.
L'Office de développement de l'agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS) a été établi dans le but de stimuler les investissements en facilitant l'accès aux terres et en offrant aux investisseurs un guichet unique pour soutenir le développement de cultures stratégiques.
Les Agriparcs d’Alger : une solution adaptée
À Alger, l’étalement urbain et les effets néfastes des changements climatiques affaiblissent progressivement de vastes zones agricoles de haute qualité. Pour s’adapter aux effets de ces phénomènes et les atténuer, les pouvoirs publics ont initié le développement d’agriparcs urbain. Déjà 23 en fonctionnement, le plan est en croissance jusqu’à l’horizon 2035.
Le climat est favorable au développement des fruits et des productions arboricoles : le système de production actuel centré sur le maraîchage, la production mixte : maraîchage – arboriculture fruitière et la production des céréales sera diversifié par la plantation de 60 689 plants supplémentaires : les agrumes (citronnier, oranger et clémentinier), et les arbres rustiques (grenadier, figuier et olivier).
Ce territoire agriurbain durable, proposé par Ba et Aubry à Chéraga, permet de fournir un premier diagnostic global sur la durabilité de cette agriculture urbaine. Ceci permet d’identifier plusieurs enjeux majeurs, d’optimiser la durabilité, de réduire les carences et remédier aux déséquilibres constatés.
L'agriculture In door pour mieux gérer l'eau
Une autre structure permet des cultures intensives sur 2600 m² d’emprise au sol, sur 10 à 30 niveaux. L’énergie peut être solaire, géothermique ou gazière. L’eau est extrêmement bien gérée. Enfin, une structure mixte habitat/serre permet à une famille de cultiver ses propres légumes, fruits, herbes aromatiques et aromates, toute l’année.
Les derniers progrès notables et les solutions d’avenir
La cuisine algérienne est gourmande en fruits, légumes, aromates végétaux, mais aussi en blés dur et tendre, en pommes de terre et huile d’olive. Toutes ces productions doivent retrouver une parfaite souveraineté. Les récentes inflations ont permis de réaliser la fragilité de certaines productions. Il est temps de développer chaque solution adaptée aux différentes régions du pays, à la condition expresse que la durabilité des cultures soit assurée.
Actuellement, et comme le démontrait Abdelahim BOUSSAA de l’université de Khenchela, lors de sa conférence sur l’Agora des Experts, les possibilités de valorisation des coproduits et le traitement des déchets agricoles sont encore trop peu développés, les capacités de traitement actuelles étant trop faibles, voir, inexistantes.
Il reste beaucoup à faire, mais la nouvelle génération d’ingénieurs qui se positionne sur le marché du travail est très motivée et pleine de créativité pour trouver des solutions économiques adaptées à la spécificité algérienne.